Hackers : antidotes à la société de surveillance ?

Mardi 3 mars 2020 à 18h – Paris 11e

Rayna Stamboliyska, VP Gouvernance de Yes We Hack
Olivier Tesquet, Journaliste à Télérama
Antonio Casilli, Professeur de sociologie à Télécom Paris

Conférence animée par Nicolas Arpagian

Du pistage à la surveillance des citoyens

Dès l’Ancien Régime, le suivi des ouvriers est mis en place dans un cahier officiel pour recenser les maîtres successifs pour lutter contre le vagabondage. Supprimé par la Révolution française, puis remis en place par Napoléon Bonaparte, le pistage des citoyens a évolué avec le temps et l’avènement des nouvelles technologies. La numérisation gagne en intensité et se globalise à l’échelle mondiale.

Fin janvier, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a annoncé, lors d’une visite au Forum de la cybersécurité de Lille, que la carte nationale d’identité numérique française sera mise en place en 2021 et garantira « protection des données » et « sécurité de l’usager ».

Début février, « la Gazette des communes » a diffusé son palmarès du nombre de caméras de vidéosurveillance de la voie publique dans les 50 villes les plus peuplées de France. Entre 2013 et 2020, le nombre de caméras est passé de près de 4 800 à plus de 11 400, une augmentation de près de 240%.

Mi-février, la présidente de la Commission européenne a présenté un Livre Blanc annonçant la nouvelle stratégie en matière d’intelligence artificielle de l’Union européenne.

Où se termine la vie privée et qui en décide ?

La seule existence de technologies suffit souvent à justifier leur diffusion dans la société, puis à dicter les normes sociales, témoigne Olivier Tesquet. Une fois déployées dans l’espace virtuel, celles-ci se retrouvent dans un écosystème d’acteurs de tous type, dont les hackers – les bons, les brutes et les Anonymous -, parfois lanceurs d’alerte, parfois considérés comme justiciers ou comme traîtres, d’après Rayna Stamboliyska. Les risques et l’inquiétude autour de la surveillance généralisée, qui s’appuie que la collecte, le stockage et le traitement massif de données, deviennent le centre du débat politique, constate Antonio Casilli.

Dans ce contexte, de nombreuses questions se posent sur la tournure que prend la numérisation des sociétés et le rôle des parties prenantes qui la conçoivent.

Les sociétés numérisées sont-elles forcément surveillées ? Quels rôles endossent les hackers et les experts en cybersécurité dans un monde tout numérique ? A quoi ressemble un monde où les individus sont pistables, la mémoire des données infinie et la maîtrise des technologies répartie entre quelques mains ? Quels sont les nouveaux législateurs et quelle confiance avoir en eux ? Une société où chacun est connecté peut-elle rester démocratique ? Faut-il compter sur les hackers comme lanceurs d’alerte ? Quelle est la limite entre liberté et contrôle ?

Les intervenants répondront à ces questions lors du débat animé par Nicolas Arpagian, Auteur de « La Cybersécurité », Presses Universitaires de France @cyberguerre

Rayna Stamboliyska, Auteure de « La face cachée d’Internet », Larousse
VP Gouvernance et Relations Publiques de Yes We Hack  @maliciarogue

« Hackers, bitcoins, piratage, Wikileaks, Anonymous, darkweb, Tor, vote électronique, chiffrement…

Internet, et globalement le numérique, est un des acteurs majeurs du monde dans lequel nous vivons. Pour autant, les menaces qu’il porte semblent s’intensifier. Mais de quoi parle-t-on lorsqu’on dit piratage, diffusion de malwares, surveillance des États, vol de données personnelles ?

Qui a réellement intérêt à pirater les sites de rencontres ou votre profil Facebook ? Pourquoi et comment voler vos données ? Qui sont les lanceurs d’alerte ? Et qu’est-ce que le darkweb où nous pouvons acheter, entre autres, des bitcoins ? Est-il si terrifiant – et dangereux – qu’on le dit ? Ce livre cartographie et clarifie avec nuance les actions et les acteurs de cet espace virtuel et pourtant si réel qu’est l’Internet. »

Olivier Tesquet, Auteur de « A la trace », Premier Parallèle
Journaliste reporter en charge des cultures numériques et des libertés publiques à Télérama @oliviertesquet

« À l’heure où la reconnaissance faciale investit nos visages, où les assistants vocaux intelligents s’invitent dans nos salons, où Instagram recompose nos rapports sociaux, est-il encore possible de se tenir à l’abri des regards ? Des caméras intelligentes du Xinjiang à nos profils Facebook, les dispositifs de surveillance s’éparpillent jusqu’à donner l’illusion de disparaître. Parce qu’ils sont partout, nous ne les voyons plus nulle part. En agents consentants de notre propre enfermement, nous sommes invités à transformer chacune de nos expériences en signal que ces dispositifs pourront exploiter. Depuis dix ans, Olivier Tesquet essaie de cartographier minutieusement les nouveaux territoires de la surveillance, qu’il observe tout en y résidant. En décrivant sans les fantasmer les mécanismes de ces systèmes opaques, ce livre est un manuel à l’usage de ceux, trop nombreux, qui pensent n’avoir rien à cacher. »

Antonio Casilli, Auteur de « En attendant les robots : Enquête sur le travail du clic », Seuil
Professeur de sociologie à Télécom Paris  @antoniocasilli

« Malgré les aspirations à la privacy que les internautes expriment de façon de plus en plus insistante, les grandes plateformes numériques participent à une culture faite de promotion de la surveillance continuelle, qu’elles projettent sans jamais l’interroger autant sur leurs usagers que sur leurs travailleurs. Certains auteurs voient dans ce système la naissance d’un ‘complexe de surveillance-innovation’ ou d’un ‘capitalisme de surveillance’ qui, non seulement, place sous un jour favorable le traçage, mais le transforme en un levier de la prospérité économique des entreprises du numérique. À tel point que ces dernières mettent au point des solutions de surveillance et les commercialisent auprès d’autres acteurs du secteur privé et institutions publiques, lesquelles finissent à leur tour par être concernées par une surveillance de type nouveau : constante, participative, réalisée par des solutions de ‘traçage de la productivité’ ou de ‘gestion de l’ordre public’. »

Inscription à la conférence TIC & Géopolitique  

Accueil à 18h au Campus Créatif & Numérique IONIS, 95 Avenue Parmentier, 75011 Paris.
18h30  Début du débat
20h  Questions réponses
20h30  Cocktail

 



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